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L'auteur


Miroslav Alexandre CHYTIL, est ingénieur mécanicien EPFZ, spécialisé en organisation industrielle, polyglotte, avec expériences acquises en Europe, Afrique et Asie, et plus particulièrement dans la boîte de montre depuis 1965.
Actif comme conseiller ou directeur des plus grandes fabriques des boîtes de montres.

11. Les boîtes de montres et bracelets


Si la montre suisse existe depuis plusieurs siècles, la fabrication industrielle de la boite n'a vraiment débuté qu'en 1876, après la visite aux Etats Unis d'une commission suisse qui a pu se rendre compte de leur avance industrielle dans ce domaine et commencer à faire appliquer en Suisse des procédés similaires. Depuis lors, outre les progrès technologiques (citons l'utilisation de l'acier inoxydable pour remplacer les montres en laiton, puis la généralisation de la montre étanche dès les années 1960, surtout grâce aux travaux d'Ervin Piquerez), c'est essentiellement la mode qui a conditionné l'évolution de la branche.



Elle a introduit les boites extra plates et favorisé la construction de calibres spéciaux comme celui de la " Délirium ", dont les développements ultérieurs lui permirent de devenir le calibre utilisé dans la " Swatch " actuelle.
Ce sont aussi la mode et la demande du marché qui ont généralisé l'usage de verres en saphir et de matériaux inrayables.


Tour panthographe ou à copier, fin XIXe siècle,
Musée International d'Horlogerie, La Chaux-de-Fonds


Les exigences toujours croissantes de la mode ont à la fois stimulé et tiré parti de l'évolution de la technique. Les premiers balanciers mécaniques ont été remplacés par des presses hydrauliques qui permettent aujourd'hui d'automatiser complètement le processus d'étampage et de recuite.
La fabrication des étampes, autrefois entièrement faites à la main, est grandement facilitée par les automates d'érosion à fil ou par enfonçage.
Les anciennes machines " Gudel ", références absolues de l'usinage sur lesquelles on faisait toutes les opérations d'enlèvement de copeaux, ont été remplacées par des centres d'usinage à plusieurs axes gérés par des commandes numériques.

 



Même le polissage, qui était resté l'un des derniers bastions du travail manuel, est en passe de se mécaniser par l'introduction de robots de plus en plus performants, capables de reproduire le travail du polisseur.
Les seules opérations impliquant le savoir-faire artisanal sont l'assemblage des composants de la boite et le contrôle visuel final.
Comme on s'en doute, ces évolutions ont complètement transformé le métier de boîtier. D'abord purement artisanal il est devenu l'affaire de spécialistes dans de nombreux domaines modernes, et demande aujourd'hui un apprentissage encore plus long qu'autrefois (plusieurs années)
.La fabrication en série et le besoin de composants interchangeables ont fait émerger les concepts modernes de métrologie et de contrôle statistique, activités qui n'existaient pas sous cette forme jusque là. Enfin, le développement fulgurant de l'informatique a bouleversé la gestion des entreprises actuelles.
Il n'est plus pensable aujourd'hui de se passer des programmes de conception et de production assistée par ordinateur. Sans ces nouveaux outils, je ne suis pas sûr que les patrons actuels auraient la possibilité de créer et faire fructifier leurs usines - ils n'ont plus rien à voir avec les Francillon, Favre-Perret, et autres Ruedin d'antan.


Tour à refrotter, début XXe siècle,
Musée International d'Horlogerie, La Chaux-de-Fonds

L'industrie de la boite de montres en Suisse se trouve, depuis quelques années, à un tournant. Elle est confrontée à plusieurs phénomènes qui influencent son avenir.
En premier lieu, émerge la concurrence, de très bonne facture, pronenant de l'Extrême Orient. Si, il y a quelques années, cette concurrence n'était que dans le " bas de gamme ", elle occupe aujourd'hui le moyen de gamme et s'approche dangereusement du haut de gamme. Cette concurrence exerce une très forte pression sur les prix et oblige les fabricants suisses à rester très compétitifs. Néanmoins une réduction des marges amène aussi sa cohorte d'incoveniants et désavantages à longue échéance. N'oublions que c'est le cash-flow qui permet les investissements pour améliorer l'outil de fabrication.
A cette concurrence s'ajoute la verticalisation des groupes horlogers ainsi que leur concentration qui ont le même effet sur les prix et partant sur le cash-flow, etc., etc.
Concentrations et verticalisations qui n'ont pas encore apporté leur preuve de pérennité. J'attends encore la preuve que la politique menée par les nouveaux managers financiers, qui doivent donner satisfaction à leur actionnaires, est viable à longue échéance.
Par ailleurs, il est actuellement impossible de juger des effets de l'Internet sur le futur de la boîte de montre.
Pour terminer sur une note optimiste, il faut relever que notre industrie apporte tous les jours des innovations technologiques, souvent brevetées, qui lui donnent une avance indéniable.
Qu'il y aura toujours des niches à occuper, comme la proximité, la possibilité de réagir vite pour apporter de solutions, ou la capacité de gérer des petites séries à des coûts acceptables.
Ce sont des atouts de l'industrie suisse de la boîte de montre et il ne faut pas oublier que cette industrie s'est relevée malgré un nombre impressionnant de crashs et qu'elle existe toujours.

   

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