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Actuellement: Anglage et finitions de l'horlogerie haut de gamme (III)

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L'auteur

Caroline Sermier, est employée chez Audemars Piguet (Renaud & Papi SA) depuis mars 89.
De formation économique et littéraire, Caroline Sermier, s'est prise de passion pour l'horlogerie dès son arrivée chez Renaud & Papi.
Aujourd'hui son activité en tant que responsable de la communication lui permet d'allier avec bonheur son goût pour l'écriture et sa fascination pour les montres compliquées et en particulier pour les finitions et la décoration des montres haut de gamme.

14. Anglage et finitions de l'horlogerie haut de gamme (III): anglage pur


L’anglage haut de gamme : la méthode

L’ élément le plus déterminant en matière d’esthétique est sans nul doute l’anglage ; en effet, cette finition très minutieuse permet de mettre en évidence l’authenticité du fait main.
L’anglage est un métier rare et délicat qui consiste à faire un cassé d’angle poli sur les pièces dont le pourtour est souligné par un jeux de reflets lumineux, pour ce faire , deux approches s’offrent à nous :
1) La méthode moderne (anglage machine)
2) La méthode traditionnelle ou conservatrice

1) La méthode moderne
Il existe actuellement plusieurs méthodes modernes pour angler les pièces :

a) L’angle ou chanfrein est réalisé par usinage, ensuite, on obtiendra le polissage chimiquement, mécaniquement ou manuellement avec des brosses.
Note : Cette méthode est satisfaisante, on obtient un angle propre, régulier mais les coins sont arrondis car les angles vifs sont irréalisables à la machine (diamètre de fraise).

b) Pour les grandes séries l’angle ou chanfrein sera réalisé et poli directement par étampage.
Note : Il est impossible de polir les coins vifs à la brosse ou mécaniquement. Cette méthode est satisfaisante mais toutes les pièces sont strictement identiques, elle ne permet aucune personnalisation.
Le temps de travail pour chaque pièce étant considérablement réduit. La rentabilité est supérieure et ne nécessite pas un savoir faire particulier.

2) La méthode haut de gamme ou traditionnelle demande, en revanche, une dextérité et un savoir faire exceptionnel.
Les angleurs sont rares car il n’existe pas d’apprentissage spécifique à la profession, même si des notions sont enseignées dans les écoles d’horlogerie.
Pour pallier à ce manque les entreprises horlogères haut de gamme soucieuses d’obtenir le meilleur résultat esthétique possible (voir conclusion) forment elles-mêmes leurs angleurs.

L’anglage fait main est une opération minutieuse qui demande beaucoup de temps, certaines pièces pourront requérir jusqu’à 10 heures de travail entraînant des coûts élevés qui se répercuteront sur les produits finis.
Pour toutes ces raisons certaines entreprises opteront pour un anglage machine nettement moins onéreux.
Actuellement nous connaissons deux méthodes traditionnelles : la méthode du brunissoir et la méthode de la meule de bois
.

a) La méthode du brunissoir :
- La préparation :
Dans un premier temps on enlèvera à la lime les attaches et les marques d’usinage sur le flanc. Ce dernier sera ensuite adouci par un satinage car un bon anglage dépend de la qualité du flanc ; il s’agit de lui donner un aspect lisse ; La surface doit être nette sans vagues ni imperfections de formes.
Pour faciliter le travail de l’angleur, l’angle pourra être ébauché à la machine (fraisage) ; mais les coins rentrants seront vidés à la lime car aucune opération mécanique n’est capable de les rendre vifs. (rayon de fraise).
Le chanfrein sera ensuite repris manuellement(*1). , la régularité de la largeur du biseau est essentielle ; les bords de l’angle doivent rester parallèles d’une extrémité à l’autre.

- Le polissage :
Tout en prenant soin de ne pas créer de vrillage, on effacera les marques perpendiculaires de la lime en tirant les traits en long puis on adoucira la surface avec une pierre taillée en fonction de la pièce.
Enfin, on utilisera des abrasifs de plus en plus fins (cabrons) pour unifier les lignes en prenant soin de ne pas trop arrondir les arrêtes et les coins*(2).
Note : l’irrégularité et le vrillage en soi ne sont pas tolérés, à moins qu’ils rendent l’esthétique plus cohérent.
A ce stade du travail, il est important que la pièce soit extrêmement propre, débarrassée de tout résidu d’abrasifs qui pourrait rayer la surface de la pièce lors du brunissage.
Cette opération consiste à écrouir la matière avec un outil en acier trempé afin de créer un polissage *(3).
En dernier lieu on affinera le polissage et on donnera un éclat final en passant une pâte diamant à l’aide d’une cheville de bois*(4).
Cette méthode traditionnelle est la méthode classique par excellence, elle est sans limites et sans contraintes.

b) La méthode meule de bois *(5) :
Dans ce cas de figure la préparation est la même mais le polissage se fait directement sur une meule de bois chargée de diamantine. Cette technique a pour avantage d’être plus rapide et d’offrir un résultat de qualité mais elle nécessite une grande maîtrise car contrairement à la technique du brunissoir, la quantité de matière enlevée est considérable et permet difficilement de rattraper une erreur.
L’inconvénient de ce procédé est que les découpes intérieures ne peuvent pas être atteintes. Dans ce cas de figure on optera pour la méthode au brunissoir afin d’obtenir une meilleure cohérence esthétique.

Conclusion :
L’ anglage machine est productif et donne un aspect net, soigné relativement satisfaisant, toutefois si l’on considère qu’un objet doit se distinguer par le soin apporté à la finition des moindres détails, l’anglage artisanal apparaît comme une évidence.
Les « imperfections » de l’anglage sont les signes de l’authenticité du fait main et dépendent du savoir faire de l’artisan, ainsi, chaque pièce est unique et personnalisée.

Voir: Anglage et finitions...(II)

 







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