L’anglage haut de gamme : la méthode
L’
élément le plus déterminant en matière d’esthétique est sans nul
doute l’anglage ; en effet, cette finition très minutieuse permet
de mettre en évidence l’authenticité du fait main.
L’anglage est un métier rare et délicat qui consiste à faire un
cassé d’angle poli sur les pièces dont le pourtour est souligné
par un jeux de reflets lumineux, pour ce faire , deux approches
s’offrent à nous :
1) La méthode moderne (anglage machine)
2) La méthode traditionnelle ou conservatrice
1)
La méthode moderne
Il
existe actuellement plusieurs méthodes modernes pour angler les
pièces :
a) L’angle ou chanfrein est réalisé par usinage, ensuite,
on obtiendra le polissage chimiquement, mécaniquement ou manuellement
avec des brosses.
Note : Cette méthode est satisfaisante, on obtient un angle
propre, régulier mais les coins sont arrondis car les angles vifs
sont irréalisables à la machine (diamètre de fraise).
b) Pour les grandes séries l’angle ou chanfrein sera réalisé
et poli directement par étampage.
Note : Il est impossible de polir les coins vifs à la brosse
ou mécaniquement. Cette méthode est satisfaisante mais toutes
les pièces sont strictement identiques, elle ne permet aucune
personnalisation.
Le temps de travail pour chaque pièce étant considérablement réduit.
La rentabilité est supérieure et ne nécessite pas un savoir faire
particulier.
2)
La méthode haut de gamme ou traditionnelle demande, en revanche,
une dextérité et un savoir faire exceptionnel.
Les angleurs sont rares car il n’existe pas d’apprentissage spécifique
à la profession, même si des notions sont enseignées dans les
écoles d’horlogerie.
Pour pallier à ce manque les entreprises horlogères haut de gamme
soucieuses d’obtenir le meilleur résultat esthétique possible
(voir conclusion) forment elles-mêmes leurs angleurs.
L’anglage fait main est une opération minutieuse qui demande beaucoup
de temps, certaines pièces pourront requérir jusqu’à 10 heures
de travail entraînant des coûts élevés qui se répercuteront sur
les produits finis.
Pour toutes ces raisons certaines entreprises opteront pour un
anglage machine nettement moins onéreux.
Actuellement nous connaissons deux méthodes traditionnelles :
la méthode du brunissoir et la méthode de la meule de bois
.
a)
La méthode du brunissoir :
- La préparation : Dans un premier temps on enlèvera à la
lime les attaches et les marques d’usinage sur le flanc. Ce dernier
sera ensuite adouci par un satinage car un bon anglage dépend
de la qualité du flanc ; il s’agit de lui donner un aspect lisse
; La surface doit être nette sans vagues ni imperfections de formes.
Pour faciliter le travail de l’angleur, l’angle pourra être ébauché
à la machine (fraisage) ; mais les coins rentrants seront vidés
à la lime car aucune opération mécanique n’est capable de les
rendre vifs. (rayon de fraise).
Le chanfrein sera ensuite repris manuellement(*1). , la
régularité de la largeur du biseau est essentielle ; les bords
de l’angle doivent rester parallèles d’une extrémité à l’autre.
- Le polissage :
Tout en prenant soin de ne pas créer de vrillage, on effacera
les marques perpendiculaires de la lime en tirant les traits en
long puis on adoucira la surface avec une pierre taillée en fonction
de la pièce.
Enfin, on utilisera des abrasifs de plus en plus fins (cabrons)
pour unifier les lignes en prenant soin de ne pas trop arrondir
les arrêtes et les coins*(2).
Note : l’irrégularité et le vrillage en soi ne sont pas
tolérés, à moins qu’ils rendent l’esthétique plus cohérent.
A ce stade du travail, il est important que la pièce soit extrêmement
propre, débarrassée de tout résidu d’abrasifs qui pourrait rayer
la surface de la pièce lors du brunissage.
Cette opération consiste à écrouir la matière avec un outil en
acier trempé afin de créer un polissage *(3).
En dernier lieu on affinera le polissage et on donnera un éclat
final en passant une pâte diamant à l’aide d’une cheville de bois*(4).
Cette méthode traditionnelle est la méthode classique par excellence,
elle est sans limites et sans contraintes.
b)
La méthode meule de bois *(5) :
Dans ce cas de figure la préparation est la même mais le polissage
se fait directement sur une meule de bois chargée de diamantine.
Cette technique a pour avantage d’être plus rapide et d’offrir
un résultat de qualité mais elle nécessite une grande maîtrise
car contrairement à la technique du brunissoir, la quantité de
matière enlevée est considérable et permet difficilement de rattraper
une erreur.
L’inconvénient de ce procédé est que les découpes intérieures
ne peuvent pas être atteintes. Dans ce cas de figure on optera
pour la méthode au brunissoir afin d’obtenir une meilleure cohérence
esthétique.
Conclusion :
L’ anglage machine est productif et donne un aspect net, soigné
relativement satisfaisant, toutefois si l’on considère qu’un objet
doit se distinguer par le soin apporté à la finition des moindres
détails, l’anglage artisanal apparaît comme une évidence.
Les « imperfections » de l’anglage sont les signes de l’authenticité
du fait main et dépendent du savoir faire de l’artisan, ainsi,
chaque pièce est unique et personnalisée.
Voir: Anglage
et finitions...(II)