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L'auteur

 

Marianne Guignard Fromont a été directrice pendant dix ans d’une entreprise suisse spécialisée dans la fabrication de pare-chocs horlogers, Incabloc SA à La Chaux-de-Fonds.

3. Pare-chocs ou amortisseur des chocs
dans l'industrie horlogère

Au début de son existence, à chaque fois qu’une montre tombait ou recevait un choc, son propriétaire y portait l’oreille avec angoisse pour écouter si celle-ci vivait encore.
Très souvent, on constatait que les pivots de l’axe de balancier étaient cassés ou pliés. Il fallait donc encore une fois apporter ce précieux objet à un horloger afin de la réparer.
Comment protéger les parties fragiles d’un mouvement de montre, comment rendre son cœur solide ? Ces questions ont nourri la réflexion de plusieurs générations d’horlogers.
En effet, dès 1820 déjà, des axes de balancier montés sur “parachute” sont mentionnés sur des documents signalés par le Musée International d’Horlogerie de La Chaux-de-Fonds.
Il est possible de retracer la passionnante évolution du pare-chocs depuis l’instauration des brevets en Suisse, soit en 1888.

Un article rédigé par Monsieur F. Glauser pour le compte de Incabloc S.A., fabricant de pare-chocs, est paru dans le Bulletin SSC no.25-1997 de la Société Suisse de Chronométrie. Il illustre quelques découvertes marquantes dans cette évolution. Cet article peut être envoyé sur demande (voir adresse mentionnée ci-dessous).
Le “Dictionnaire professionnel illustré de l’Horlogerie de G.-A. Berner” nous donne quant à lui la définition du “pare-chocs ou amortisseur” suivante: “Palier élastique qui a pour but, dans la montre, d’amortir les chocs reçus par les pivots de l’axe du balancier. Principe : la pierre de contre-pivot est soumise à l’action d’un ressort. En cas de choc axial, cette pierre peut se soulever légèrement jusqu’au moment où la portée vient buter contre une partie fixe du support.
Pour amortir les chocs latéraux, la pierre est fixée dans un support muni d’un plan incliné qui permet un petit déplacement latéral, limité par le tigeron qui vient buter contre une partie fixe du bâti.”
Ci-après, un des produits actuellement sur le marché horloger, fruit de longues années de perfectionnement et de mises au point.
1. Le ressort maintient et, après un choc, ramène en place les éléments mobiles du système.
2. La pierre de contre-pivot, de grand diamètre, repose dans un logement du chaton.
3. Le chaton auto-centrant, dans lequel est chassé la INCABLOC pierre à trou, forme une unité avec celle-ci.
4. Le bloc comporte deux cônes intérieurs dans lesquels vient s’ajuster le double cône du chaton.
Lorsque l’intensité du choc atteint la limite tolérable, les pierres du balancier cèdent à la poussée du pivot.
Ce recul s’effectue jusqu’à ce que la partie résistante de l’axe du balancier vienne buter contre une surface d’arrêt qui absorbe le choc. Aussitôt le choc neutralisé, la pression du ressort ramène le système dans sa position initiale. Ce recentrage s’opère immédiatement, avec une précision absolue. Le ressort agit toutefois de manière nuancée, ses dimensions et son degré d’armage sont calculés pour qu’il opère une sélection entre les chocs inoffensifs et les chocs préjudiciables. Dans des conditions normales d’utilisation de la montre, le système possède la stabilité d’un palier rigide.
Le seuil de réaction se situe aux environ de 35 grammes de poussée. Cet ensemble de pièces a un diamètre variant généralement de 1,5mm à 2,1mm et une hauteur de 0,35mm à 0,90mm.

On comprend donc bien l’habileté et la minutie dont doivent faire preuve les employé(e)s d’horlogerie chargés de leur fabrication ou de leur assemblage, assemblage effectué manuellement pour les petits calibres ou sur des machines automatiques pour les plus grands.
.Afin de garantir le bon fonctionnement de la montre, il est nécessaire de lubrifier le point de contact entre les pierres et les pivots de l’axe de balancier.
Les pierres à trou et les pierres de contre-pivots, faites de rubis synthétique, subissent un traitement exclusif qui aboutit à une véritable transformation physico-chimique de la surface même des pierres.
Ce procédé renforce la rétention de l’huile, améliore sa cohésion et favorise la formation d’une goutte d’huile extrêmement ramassée (angle de raccordement 30° au lieu de 10° ou moins).
Ce traitement résiste à au moins 8 nettoyages énergiques au moyen de détersifs ou de solvants, même avec des ultrasons. La position des pierres réalise les conditions d’une tenue d’huile parfaite. Leur parallélisme assure un centrage rigoureux de l’huile. La distance entre la pierre à trou et la pierre contre-pivot reste constante. Elle est calculée pour une réserve optimale. La réserve d’huile, enfermée dans une chambre à l’abri des poussières, conserve durablement ses qualités lubrifiantes.
L’excellente qualité des pierres ainsi que la forme olivée du trou de la pierre permettent un frottement minime des pivots. L’amplitude du balancier conserve une valeur élevée dans toutes les positions, assurant un bon règlage et son maintien dans le temps.
Le bloc et le chaton sont des pièces décolletées, généralement en laiton. Elles sont ensuite passées dans un bain de nickel ou d’or, parfois de rhodium, selon la demande des clients. Les ressorts sont découpés dans un acier particulier et sont presque toujours dorés.
La fabrication de chacune des pièces qui forment un pare-chocs, ainsi que leur assemblage, demandent un grand savoir-faire.
Il existe peu d’entreprises en Suisse capables de réaliser tout ou partie de ce composant horloger, merveille du monde de la micro-mécanique.

 


 

 

Pour obtenir l'article mentionné ci-dessus
Société Suisse de Chronométrie, c/o Centredoc, Abraam-Louis Breguet 2, CH-2007 Neuchâtel


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