Ces
dernières 20 années, l'industrie horlogère suisse a, par des mesures
de rationalisation très importantes, augmenté très fortement sa
productivité tout en continuant à mettre sur le marché une gamme
de produits d'une diversité inégalée dans toutes les gammes d'exécutions
et de prix : si, en 1970 cette productivité avoisinait 850 pièces
par année et par personne occupée, elle est aujourd'hui de plus
de 3000 pièces ! Il est dès lors intéressant d'examiner comment
ce secteur industriel s'est organisé pour atteindre ce résultat.
L'industrie de la montre occupe actuellement en
Suisse 32'000 personnes et compte 580 entreprises employant de une
à plusieurs milliers de personnes. La croyance traditionnelle de
l'horloger fabriquant de A à Z ses montres est révolue depuis de
nombreuses années. La division du travail et des tâches et la spécialisation
ont profondément modifié l'image d'Epinal ancrée encore dans la
croyance populaire. S'il est difficile de classifier la fabrication
horlogère avec précision en raison des nombreux bouleversements
intervenus ces dernières années, il est cependant possible d'en
donner un aperçu qui se vérifie encore à quelques nuances près.
Le produit terminé (la montre)
La distinction se fait entre :
- les manufactures
- l'établissage
- le terminage
La manufacture fabrique elle-même une partie
des pièces constitutives et un certain nombre de composants des
montres qu'elle assemble, tout particulièrement les ébauches (mouvements
mécaniques sans les parties réglantes ni les ressorts-moteurs) et
vend ses produits finis munis de sa marque.
L'établisseur achète les parties constitutives
(ébauches, parties réglantes, habillage, etc.), les remonte, les
assemble et vend le produit terminé muni de sa marque.
Le termineur assemble des montres comme l'établisseur.
Il n'achète cependant rien, mais fournit ses prestations à un tiers
(une marque). Il n'est donc pas propriétaire de la marque et ne
la commercialise pas. Il s'agit d'un sous-traitant.
Un mouvement d'horlogerie qu'il soit mécanique ou
électronique comporte de 80 à 150 composants de nature, de technologies
et par conséquent de provenances diverses.
Cette classification traditionnelle qui a le mérite d'être claire
doit être toutefois nuancée : en effet, la production d'ébauches
et de mouvements doit être rentabilisée par une fabrication en grande
série pour des produits de grande consommation ou un prix de vente
du produit terminé élevé. D'autre part, les mouvements à quartz,
apparus sur le marché dans les années soixante-dix sont livrés en
un seul bloc en état de marche contrairement aux mouvements mécaniques
livrés sous forme d'ébauches, c'est à dire de produits semi-finis.
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Il convient donc de préciser que :
- aussi bien le manufacturier que l'établisseur choisit le « design
» de ses montres auxquelles il donne son aspect et son caractère
personnel,
- les manufactures ne sont plus que quelques-unes et sont actives
dans le haut de gamme,
- le caractère technique de l'activité de l'établisseur a fortement
diminué pour ne se concentrer la plupart du temps que sur l'emboîtage
seulement,
- il en va de même pour le termineur
L'assemblage en grandes séries nécessite des chaînes automatisées
de très grande capacité (ici une chaîne Swatch).
Les parties constitutives et les branches annexes
La production des ébauches mécaniques et des mouvements
à quartz constitue la base de la fabrication horlogère, puisqu'il
s'agit du cœur de la montre. C'est chez ce producteur qu'est concentré
l'essentiel de la recherche et du développement de nouvelles technologies
et de nouveaux concepts.
A noter que l'un d'eux - le plus important sur le plan européen
- ETA SA Fabriques d'Ebauches (membre du groupe Swatch) est à la
fois fabricant d'ébauches et de mouvements, manufacture et termineur.
En plus, il convient de mentionner d'autres fabricants de parties
constitutives de la montre (balanciers, spiraux, pierres, ressorts,
micro-circuits, moteurs, résonateurs à quartz, piles, aiguilles,
boîtes, cadrans, couronnes, bracelets) ou des fournisseurs de prestations,
(galvanoplastes, plaqueurs, graveurs, etc.).
Le design
L'aspect extérieur de la montre, son « look », est
évidemment l'affaire des marques. Ce sont elles qui, en fonction
de leur stratégie, de l'image qu'elle veulent donner de leur produit,
déterminent son aspect extérieur, sa forme, les matières qu'elles
veulent utiliser, la touche finale qu'elles désirent lui donner.
Pour cela, elles recourent à des designers qu'elles engagent elles-mêmes
ou auxquels elles font appel. Il est évident que l'aspect extérieur
de la montre permet à la marque de se distinguer par rapport à ses
concurrents.
L'horlogerie est un monde fascinant, car elle
fait appel à une technologie miniaturisée très évoluée, dont le
consommateur n'a souvent pas conscience. De plus, la montre, de
par son aspect extérieur, est un indicateur ou un symbole de l'image
que le porteur veut se donner dans son environnement. Enfin, ses
exigences de fonctionnement et d'exactitude - qu'il fasse chaud,
qu'il fasse froid, humide ou sec, que la montre soit portée en permanence
ou de façon intermittente, qu'elle soit soumise aux chocs ou qu'elle
soit portée en toute tranquillité - sont considérées comme allant
de soi. Un terrible « challenge » que les horlogers ont relevé depuis
longtemps et auquel ils continuent de vouer toute leur attention
!
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